7 mars 2014
Leçon reçue ce jour : Comment écœurer un.e militant.e en 7 mots simples ou 17 lettres ?
Militer, c’est compliqué.
Non. En fait, ce n’est pas militer qui est compliqué. Ce qui est compliqué, c’est arriver à avancer tous ensemble pour atteindre un objectif, et y prendre du plaisir.
Militer c’est précieux parce que le militantisme repose sur le don. Le don de soi, le don de son temps, gracieusement.
Militer apporte beaucoup de satisfaction, de félicité, surtout quand le message qu’on porte commence à percer. Alors, à certains moments, il y a une euphorie à militer. Il y a cette adrénaline qui vous tient éveillé, qui vous rend efficace, organisé, et elle vous permet de réaliser de très belles choses puis, au-delà du caractère pragmatique, elle vous permet d’atteindre des instants victorieux.
Militer c’est aussi, parfois, faire que les points de vues s’entrechoquent. Alors, on prend le risque de bouleverser l’équilibre fragile qui s’est créé dans le collectif. Mais on assume les débats, on tranche, on décide. Mais, on ne peut pas imposer aux gens de militer. D’abord, ils font un pas, puis ils y viennent, petit à petit, tranquillement, et un jour, ils s’aperçoivent eux-même qu’ils militent, parce qu’ils débattent, qu’ils argumentent, qu’ils arrivent à convaincre. Et puis, ils s’aperçoivent qu’ils y prennent du plaisir. Et tout prend sens naturellement. Voilà, on est devenu un militant.
Et un militant, associé à un autre militant, qu’on associe eux-aussi à d’autres militants, ça crée le collectif. Parce qu’on comprend assez vite, quand on milite, qu’ensemble on est plus fort.
A contrario, croire que l’on se suffit à soi même, c’est faire l’erreur de penser qu’on n’a pas besoin du collectif, qu’on n’a pas besoin de faire ensemble. C’est laisser à penser que la bataille est gagnée, ça démobilise, ça démotive, ça dépolitise.
Et parce que cet équilibre est fragile, que ce don de soi, ce don de temps, est précieux, il y a quelque chose qu’il ne faut jamais dire à un militant, sous peine de passer pour arrogant, prétentieux et surtout suffisant.
Ce qu’il ne faut jamais dire à un militant, c’est : ON A PAS BESOIN DE TOI.
7 mots ou 17 lettres qui justifient parfois que les gens disparaissent, sans en donner la raison, et sans plus jamais revenir militer.
Aujourd’hui, après 6 ans de militantisme, un camarade, quelqu’un de très bien, pour qui j’ai beaucoup d’estime et de respect, m’a dit ça, alors que je souhaitais consacrer de mon temps à militer : ON A PAS BESOIN DE TOI.
Alors, cher camarade, je te le dis avec l’objectivité la plus sincère et sans aucune animosité : dans le militantisme, on a besoin de tout le monde, même de toi, et même de moi. Car si ici, dans cette ville, pour ta bataille, des centaines de militants sont derrière toi et qu’effectivement tu n’as pas besoin de moi, je trouverai très certainement un collectif à qui donner de mon temps et de ma ténacité.
K