31 octobre 2010
Vivre au jour le jour mais avec juste un temps d’avance
Il y a des soirs où vous croisez des revenants qui reviennent de très très loin et qui reviennent avec des souvenirs.
Et les souvenirs parfois, ça fout de sacrées claques !
J’en ai prise une ce matin, tout droit sortie de ma boîte à secrets, car il m’a été donné la grande chance d’avoir des écrits qui me sont dédiés, et que j’ai scrupuleusement conservés (je sais que si leur auteur passe par là, il saura ne pas m’en vouloir)
« Pourtant, ce soir là, il ressentait le besoin de se retrouver dans son univers. Son monde à lui. Son havre de paix et de tranquillité. Il aurait aimé profiter du pâle ensoleillement de cette fin de journée pour retrouver sa cinéaste, reporter à ses heures, pour discuter devant…lui ne savait pas trop, indécis, mais s’afficherait certainement un muscat sur la table. Cette boisson, trop sucrée et très souvent servie par Xav’ aurait focalisé son regard pendant qu’il lui parlait, comme à son habitude. Il savait que pour se concentrer et poser chacun de ses sentiments sans commettre un impair de langage qui ne pardonnerait peut être jamais s’il s’avérait important, il devait bloquer son regard sur une particularité dont il se fichait éperdument, même si parfois elle pouvait être bien ou mal choisie selon les situations. Pourquoi ? Demanderait-il à Xav’ qui a sûrement une explication en tant que barman ? Non. Idée stupide. Il se contenterait de se l’entendre remarquer et modifier.
Il aimerait la fixer droit dans les yeux et lui dire « …
L’écrit devrait l’aider mais il n’en ressentait pas la nécessité. Un feeling. Une impression. Une attirance. Peut être une folie, un coup de tête. Peut être une envie, une passion. Il s’en fichait. Il voulait vivre la vie au jour le jour mais avec un temps d’avance sur lui-même. Pourtant, il ne pouvait s’y résoudre. Sans anticiper, mais suivre cette sensation de bien être. Ça faisait longtemps. Non pas la sensation, mais le chemin d’accès à celle-ci. Lieu, temps, moment, sentiment. Belle alchimie. Xav’ devait servir sa dernière bière et demander le départ des consommateurs. Il ne lui restait plus beaucoup de temps, il le savait.
Il hésita.
Puis il osa.
« On y va ? » »
J’étais bien trop jeune quand je me demandai ce que je faisais là, chez toi, dans cette chambre, à t’écouter me dire que j’étais belle. Oh non, pas belle comme les autres, mais « belle de l’intérieur ». Et cette nuit là, à mon grand étonnement, tu ne l’as passée qu’à me regarder. Maintenant, je souris de tout ça. Je me dis que j’étais sûrement plus belle avant que maintenant, que trop de choses m’ont changée.
Si j’avais su, à ce moment là, que je revivrais ces mêmes moments avec d’autres. Ces mêmes regards, cette même envie, ce même plaisir… Cette même impression de tristesse qui, au final, n’en est pas vraiment.
J’en ai croisé trop des hommes comme toi mais quel délice de les croiser seulement pour quelques soirs, et de se sentir libre le lendemain matin comme tu me l’as fait ressentir. Tu as finalement été l’original de ces copies conformes, aux regards invariablement les mêmes !
Maintenant encore, je me confronte trop souvent à ces regards, ces sourires séducteurs, calculés, bien rodés. Et même si je mets en échec toutes ces tentatives et que rien ne se passe, je garderai des souvenirs bien particuliers de ces hommes au regard invariable.
On s’est croisé un soir, et tu m’as dit « Méfies toi, cet homme n’est pas pour toi ». Mais tu ne l’étais pas non plus. Ensuite, tu m’as dit qu’on aurait pu s’aimer. J’ai vu dans ton regard et ton sourire la même expression que le soir où je t’ai suivi sous la neige. Mais il était déjà trop tard. Ne pas revenir sur ce qui aurait pu être une belle et longue histoire puisqu’elle n’a pas marché.
Mais, il y a des gens qui manquent, des gens que l’on regrette, des choses que l’on a oubliées de dire, des sourires qui n’étaient pas assez insistants et des gens à qui on oublié de dire merci. Alors, merci d’avoir été l’original de ces histoires éphémères qui me font sourire, qui me font oublier le reste si futile, si inutile, qui me fait monter les larmes aux yeux parfois… Merci d’avoir croisé mon chemin et de ne t’être arrêté qu’un court instant, de m’avoir frôlée, touchée, embrassée et de m’avoir rendue à la liberté. Il y a des gens qui manquent, indéniablement. Il y a des gens qui veulent oublier tout ça, pas moi… Peut être parce qu’on les a ratés, parce qu’on est passé à côté, alors qu’ils auraient pu nous rendre heureux.
Il y aussi des gens qu’on retrouve plus tard, des gens contre qui on voudrait se blottir parfois, parce que ça connote les instants de bonheur qu’on a partagé un jour, ou un soir. Et il y a des souvenirs qui font monter les larmes aux yeux, parce que c’est comme ça, même si on ne voudrait pas. Il y a des gens qui nous affirment qu’on ne leur a pas fait mal, et qui avouent un jour, tout simplement. Il y a des gens qui n’ont pas besoin des autres pour avoir mal.
Alors je voulais te dire que je n’avais pas oublié, que parfois j’y pense, que je n’ai pas de regrets, que je sais que tu aimes bien quand je suis sentimentale, mais qu’au fond je ne le suis pas vraiment.
Mais quand même… : Il me reste des souvenirs pleins de couleurs : le blanc de la neige qui tombe, les murs de ta chambre léchés par le halo vert du réveil, le miel du muscat, le rouge de mon écharpe qui volait au vent, le bleu de tes yeux… Puis des odeurs, des images, des fous rires et des frissons…
K.