Articles de juin 2010

De tes mains nues…

La nuit dernière, j’ai rêvé de toi et de tes mains encore nues…. Quelque secondes de mon rêve, une minute peut-être, où tu étais là… Quelques secondes de ta présence qui m’ont fait oublier le rêve dans son entier.

Je me rappelle l’affluence des visages familiers et ma lassitude des mondanités, ennuyée par ce monde trop austère auquel je ne m’appartiendrai jamais.

Je  me rappelle de cette soirée, de ce long couloir obscur dans lequel je m’étais engagée, trop curieuse de savoir où il allait me mener, la volupté du bouquet de rose rouge posé et la lueur scintillante des bougies sur le guéridon.

Je me rappelle une caresse descendre hâtivement l’intérieur de mon bras, et avec à laquelle tu m’as retenue d’avancer.  Je me rappelle ne pas avoir cru te reconnaître et m’être sauvagement défendue contre ce geste que j’ai estimé intrusif. Je me rappelle le mur contre lequel, tout en délicatesse, tu m’as stoppée, isolée, et l’exquis bruissement du tissu des rideaux en velours rouge dans mon dos.

Je me rappelle de tes mains nues posées sur chacune de mes hanches et de la force tranquille qui m’a attirée vers toi. Je me rappelle ne pas avoir eu assez de courage pour lever les yeux vers ton visage. Je me rappelle de ta main qui est venue te perdre dans les nœuds de mes cheveux et redescendre dans mon cou. Je me rappelle une infinie tendresse dans ce geste-là.

Je me rappelle quand, d’un mouvement doux,  tu as, du bout des doigts, relevé mon menton vers toi, en me disant « regarde-moi » alors que je ne pouvais pas.  Nous étions alors inconscients de nous mettre tout à coup en danger…

Je me rappelle les chandeliers partout dans la salle qui dégageaient ce halo de lumière, nous conservant dans la pénombre pour les autres, nous rendant invisibles à leur curiosité alors que je voyais leurs regards qui ne cessaient de te chercher…

Je me rappelle le baiser que tu m’as donné à ce moment-là, juste à la commissure des lèvres, comme s’il était volé, raté… Je me rappelle qu’après ça, j’ai enfin pu te regarder,  te défiant inconsciemment : « Tu vois, même ça, tu n’y arrives pas… »

Je me rappelle du bleu de tes yeux à cet instant précis, et d’un désir dans ton regard que, peu de fois, j’ai pu voir.  Je me rappelle que là, juste là, à nouveau tu m’as embrassée, soudainement, passionnément…  Je me rappelle ma respiration saccadée, la douceur de tes lèvres, le goût de ta bouche, la chaleur de ton haleine, la douceur du tissus de ta veste, l’odeur de ton parfum, si proches tout à coup… Dans cet instant si furtif, envoutée par le plaisir et enivrée de la senteur des roses, poussés par cette trop séduisante et sensuelle attirance,  j’ai eu l’impression de nous avoir retrouvés.

Je me rappelle de ta main encore nue relevant un pan de ma robe, remontant ma cuisse et se faufilant entre mes jambes. Je me rappelle aussi que c’est juste là que je l’ai attrapée pour la repousser, la rejeter, la chasser, l’écarter de ma vie.

A la fin de ce baiser, ton invariable et habituel silence fut la seule réponse à la question que je t’ai posée : « Comment peux-tu trouver satisfaisante cette façon de m’aimer ? »

Et comme chaque fois où tu me laissais seule en pleine nuit, éreintée, endormie, allongée dans le lit, tu t’es retiré, sans faire de bruit, sans un mot laissé sur l’oreiller, sans jamais admettre que tu ne pourrais pas me quitter, alors que j’étais encore envoûtée par l’odeur des roses rouges jetées sur le guéridon de l’entrée. Et mon rêve s’est  terminé.

C’est étonnant que seuls mes rêves cachent des souvenirs de toi comme ceux-là…

(sur un bout de nappe en papier, 28 juillet 2006)

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Tenir un journal d’écriture…

Tenir un journal d’écriture n’est pas une chose facile… Or mis le fait que mes étagères sont remplies d’un côté de petits carnets gribouillés et de l’autre des petits carnets vierges à gribouiller (que j’ai choisi moi-même bien sûr, en fonction de le douceur de leur papier, ou de la couleur de leur couverture…) tenir un petit journal d’écriture relèverait presque d’une science inconnue et qui resterait à découvrir, tellement les paramètres à réunir son nombreux et subtils.

Que je commence d’abord à vous parler du carnet sur lequel je suis en train d’écrire ! Acheté à New–York sur un coup de cœur dans une librairie ou j’étais à la recherche de CD’s (sachez que vous aurez du mal à trouver des CD’s à NYC, sauf chez les vrais bons disquaires des quartiers interlopes de la ville), c’est sa couverture foncée tissée, bariolée de points colorés qui m’a attiré et m’a convaincue qu’il constituerait un très beau carnet d’écriture… Voilà qui est donc chose faite : quelques mois après mon retour, je me lance avec ce carnet ! Cependant, mon expérience en la matière aurait dû m’interroger quant à son format. De la taille d’une carte postale, avec quelques 400 pages à gribouiller de mon encre noire, je n’ai pas pensé au bas de la page. Je ne sais pas pour vous, mais lorsque j’écris, mon poignet repose intégralement sur le support d’écriture, de manière à ce que ma plume puisse s’appuyer exactement où je souhaite déposer de l’encre pour écrire mes mots.

De manière empirique, avec un carnet comme celui-ci, quand j’arrive au bas de la page, mon poignet ne repose sur rien et rend pénible et laborieuse toute tentative de m’appliquer et de rendre plus confortable votre lecture. Donc, si je devais vous conseiller pour l’achat d’un carnet qui deviendra journal d’écriture, je vous dirai de prendre un carnet qui vous plaise bien sûr (flashez sur la couverture, ne boudez pas ce plaisir !), que le stylo glisse sur le papier ou accroche un peu aux fibres cellulosiques est un plaisir très personnel, je vous laisse donc décider; avec un format d’écriture par page au moins d’un format A5, et surtout de moins de 100 pages, ce qui vous évitera la tendinite au poignet que je suis en train de sentir arriver…

De plus, il y a quelque chose, une détail, pour lequel vous ne devez avoir aucun scrupule. Si, comme moi, vous ne voulez écrire que sur la page de droite, faites-le ! A la fin du carnet, vous le retournerez, et continuerez sur la page de gauche qui sera devenue page de droite ! La seule bizarrerie interviendra quand, quelques années plus tard, vous ressortirez le carnet. La lecture de ce dernier n’en sera que plus étonnante !

Une fois votre carnet choisi, il vous faut maintenant choisir le stylo qui convient pour y apposer votre précieuse prose… En ce qui me concerne, j’aime l’écriture de la plume. Je n’utilise que très rarement un stylo à bille, ou bien lors d’occasions très rares (en attendant quelqu’un dans un café par exemple). Mais la bille n’est pas, à mon avis, le bon outil d’écriture… Après, à vous de décider et de choisir l’outil qui vous sierra le mieux. Il reste les stylos encre qui restent un bon compromis. Par contre, je vous déconseille vivement la mine en graphite du crayon de bois, grâce à laquelle vous allez laisser vos empreintes digitales partout sur votre beau carnet…

Un autre paramètre sera la couleur de votre encre. J’écris en noir… peut être parce que j’utilise encore mon stylo plume du collège et que si j’utilisais de l’encre bleue, cela signifierai que, du haut de mes 30 ans passés, je n’aurai pas grandi… Mais peut-être est ce le cas finalement ? Et puis, le noir est la couleur d’impression des livres, elle me semble donc être la couleur appropriée à l’écriture. Cependant, si vous souhaitez mettre de la couleur dans vos écrits, surtout, ne vous interdisez rien, tout comme si vous souhaitez écrire votre texte en spirale (attention, l’effort que vous demanderez au lecteur, si vous souhaitez être lu, risque de rapidement le lasser…)

Il y a ensuite le lieu, mais, tout comme pour les autres paramètres, celui-ci vous appartient et conditionne tellement votre inspiration que je ne peux vous donner de conseils à ce sujet. C’est finalement ce qui est bien avec un journal d’écriture, c’est que quelque soit le lieu que vous aurez choisi, il ne demande aucune adaptation, aucune logistique particulière (ou peut être une cartouche de rechange !). Je vous laisse donc le soin de choisir le lieu le plus inspirant, le plus confortable, le plus adapté à votre travail d’écriture.

Une fois tous ces paramètres et ces conditions réunis, il ne vous reste plus qu’à savoir quoi écrire. Et, comme je vous le disais en introduction de mon propos, c’est peut-être à cette étape que, réellement, tenir un journal d’écriture n’est pas chose facile…

Qu’allez-vous raconter dans votre journal ? Allez-vous y livrer de l’intime ? Ou peut-être simplement du quotidien ? Mais n’y-a-t-il pas d’intime dans le quotidien ? Y parlerez-vous de sentiments, d’émotions, de colère, de peurs… mais aussi de joie, de bonheur partagé entre amis, en famille, avec l’être aimé ?

Vous astreindrez-vous chaque jour à y inscrire un petit quelque chose ? Soit insignifiant pour les autres, mais bouleversant pour vous ? Allez-vous écrire pour les autres ? Allez-vous écrire pour vous, auquel cas peut-être ce carnet contiendra vos secrets les plus précieux ? Ceux qu’il ne faudra jamais dévoiler, à quiconque…

Mes écrits concernent tout ça… J’ai retrouvé des carnets qui ont plus de cinq ans… Peut-être que certains passages méritent d’être lus par les autres… peut être… Mais cette période de ma vie fut bien noire. D’ailleurs, la noirceur de mes idées a souvent rempli les pages de mes cahiers.

Aujourd’hui, mon état d’esprit n’est absolument plus le même. La vie est plus belle, plus stable, plus calme… Enfin ! Les idées sont moins noires, bien que toujours là, en attente de resurgir, mais le quotidien reste toujours le même, avec la complexité de ses relations humaines. La méchanceté reste le propre de l’homme, bien que ma confiance en l’humanité soit toujours inébranlable. Voilà…

J’ai aussi retrouvé des choses écrites en 2001… C’est étonnant ce que l’on peut retrouver en cherchant… En relisant une introduction d’un texte que j’ai écrit en février 2001, je me suis aperçue qu’il y subsiste toujours cette note inscrite au bas de la page :

« Décider de prendre la feuille, et parler d’eux aux gens qu’on a aimés. Parce que, dans une vie, on aime souvent, trop souvent, et parfois, même quand les personnes ne sont plus là , on les aime encore ; et on ne dit jamais assez souvent merci. Vouloir tout graver sur une feuille de papier. Et alors, prendre le stylo… »

A nouveau, je reprends le stylo, parce que je voudrai vous dire…

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J’ai fait le tri

J’ai fait le tri dans mes textes. Des centaines de textes, mal archivés, mal rangés, mal datés… Des centaines de textes écrits au coin d’une table, dans un café, dans la rue, le métro, l’avion ou le train… J’ai voulu vous en donner quelques uns, les faire partager avec vous.

Et j’ai fait le tri, encore… J’ai cherché quelle part de mon intimité je pouvais vous donner… J’ai cherché des textes où les identités ne pourraient pas être trouvées, où je pourrai finalement garder mienne mon intimité, tout en vous en offrant quelques bribes.

J’ai fait le tri et j’ai trouvé deux textes à vous donner. Il y en a d’autres, mais ceux là sont prêts. En triant, l’inspiration est revenue, comme si elle n’avait jamais disparue. Alors, j’ai écrit. Depuis mon réveil de ce matin, j’écris… comme avant… dans le calme d’un dimanche nuageux.

En écrivant, je me suis demandé ce qu’allaient devenir les textes que je voulais vous donner, l’intimité que je voulais vous faire partager. Aussi, j’en suis venue rapidement à la conclusion qu’il était trop aisé pour un simple voyageur sur la toile de me voler mon intimité, qui pour lui ne signifiera rien qu’un texte récupéré.

Non pas que mes textes soient d’une excellente qualité, loin de là, mais ce sont mes textes et je tiens à les protéger. D’abord protéger l’écriture, mais métaphoriquement aussi, protéger mon intimité. A l’heure où tout se partage sur internet, puisqu’il s’agit bien du mot « Partager » (« Share » en anglais) sur lequel on clique pour échanger un lien que l’on a aimé, une photo ou un statut qui pourrait être un brin d’intimité quotidienne, il me semble important de protéger ce que je partage. Parce que la danse de la plume sur le feuillet est à mon sens la plus belle des confidences, elle se doit d’être fortement préservée.

Qu’on les appelle correspondances, mémoires pour certains grands auteurs, mes centaines de textes sont des parties de moi encrées sur le papier, des souvenirs le plus souvent, emprunts de nostalgie et de mélancolie. Ces textes sont des bouts de moi que je ne pourrais pas accepter de voir récupérés sans qu’ils aient de signification pour celui qui les aura copiés-collés…

Mais déjà, j’en dis trop… Une fois la protection faite, je partagerai.

K.

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